L'essentiel Les points de vigilance

La violation des règles relatives à la conclusion et à la succession de CDD à objet défini peut être sanctionnée de différentes manières :

L'employeur qui rompt le CDD avant l'échéance du terme s'expose aussi à des sanctions s'il ne respecte pas le strict encadrement des ruptures anticipées ().

Dans quels cas un CDD est requalifié en CDI ?

Entraîne systématiquement la requalification du CDD en CDI :

  • concernant la conclusion du CDD :
    • l'absence de mentions obligatoires permettant de contrôler le respect des règles de recours au CDD : par exemple l'absence de la mention « contrat à durée déterminée à objet défini » ou d' une clause descriptive du projet mentionnant sa durée prévisible
    • l'existence de plusieurs motifs de recours au CDD , par exemple, CDD à objet défini et CDD pour accroissement d'activité
  • le non-respect du délai de carence entre deux CDD ()
  • la poursuite des relations contractuelles après la fin du CDD . Le CDD devient alors un CDI, et ce même si un nouveau contrat à durée déterminée est signé par la suite .

En revanche, n'entraîne pas la requalification en CDI :

  • la transmission du contrat au-delà de deux jours suivant l'embauche. Cette irrégularité est sanctionnée par le versement d'une indemnité d'un mois de salaire maximum
  • l'absence de mentions dans le contrat de travail qui ont un rôle purement informatif.

Exemple

N'entraîne pas la requalification du CDD en CDI :

Attention

En l'absence de contrat écrit, le salarié peut demander à ce que le contrat soit qualifié de CDI ou bien au contraire prouver qu'il était convenu avec son employeur de conclure un CDD, même si le contrat n'était pas écrit . L'intérêt pour le salarié de démontrer que le contrat était en réalité un CDD est de faire juger que la rupture du contrat était anticipée et de demander le versement des salaires qu'il aurait dû percevoir jusqu'à la fin du CDD si celui-ci s'était poursuivi. Cette possibilité est d'autant plus intéressante pour le salarié depuis la mise en place du « Barème Macron » d'indemnités prud'homales.

Astuce

Si le CDD s'est poursuivi après la fin initialement prévue, le salarié n'a pas le choix : le CDD qui continue après son terme se transforme automatiquement en CDI. L'employeur peut donc le rompre pour une cause réelle et sérieuse et non uniquement pour faute grave .

Quelles sont les conséquences de la requalification ?

Si le CDD est requalifié en CDI, le salarié peut obtenir :

Astuce

Si l'employeur a notifié la fin du CDD au salarié par une lettre pouvant faire office de lettre de licenciement et que celle-ci donne une cause réelle et sérieuse à la fin de la relation contractuelle, le salarié ne pourra pas obtenir de dommages et intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse .

Remarque

Le salarié peut obtenir du juge la reprise de l'ancienneté acquise sur l'ensemble des CDD requalifiés. Le montant de la rémunération accordée lors de l'embauche en CDI devra alors tenir compte du niveau d'ancienneté ainsi atteint. La solution vaut y compris si les différents CDD ont été séparés par des périodes d'inactivité .

La requalification d'un CDD en CDI ne porte que sur le terme du contrat de sorte que les autres stipulations contractuelles continuent de s'appliquer, notamment celles relatives à la durée du travail ou à la rémunération .

Attention

Si le salarié obtient la requalification de son CDD en CDI avant la fin de son CDD, il restera en poste. En revanche, si la requalification intervient alors que le CDD a déjà pris fin, l'entreprise n'a aucune obligation de réintégration .

Le salarié peut-il demander la requalification de son CDD alors qu'il est encore présent dans l'entreprise ?

Oui. L'action en justice peut avoir lieu avant la fin du CDD du salarié.

Remarque

Si le salarié saisit le conseil de prud'hommes en référés, il statuera en urgence et peut ordonner le maintien dans l'entreprise du salarié en CDD, au-delà du terme de son contrat, dans l'attente d'un jugement sur la demande de requalification du CDD en CDI .

À partir de quand un salarié ne peut plus agir en requalification ?

L'action en requalification du CDD doit avoir lieu dans les deux ans .

Remarque

Ce délai de prescription peut être abrégé ou allongé contractuellement sans pouvoir être réduit à moins d'un an ni augmenté à plus de 10 ans . Cette modification du délai peut être inscrite dans le contrat de travail, elle ne peut toutefois s'appliquer à toutes les actions en justice, notamment aux actions de nature salariale .

Le point de départ de ce délai de prescription diffère selon le motif de la requalification demandée :

  • en cas d'action fondée sur le motif du recours au CDD, le délai de deux ans court à compter du terme du CDD (ou du dernier CDD en cas de succession de CDD)
  • en cas d'action fondée sur l'absence d'une mention obligatoire du CDD, le délai de prescription court à compter de la date de conclusion du CDD
  • en cas d'action fondée sur l'inobservation du délai de carence entre deux CDD, le point de départ du délai de prescription est le premier jour d'exécution du second CDD .

Si le salarié saisit les prud'hommes, en combien de temps le jugement sera-t-il rendu ?

Une procédure accélérée est prévue pour les demandes de requalification des CDD en CDI. L'affaire est portée directement devant le bureau de jugement (sans conciliation préalable) qui doit, en principe, statuer sous un mois  ; Cass. soc., 18 déc. 2013, nº 12-27.38. La décision doit être exécutée même si l'entreprise fait ensuite appel.

Attention

Le salarié peut associer à sa demande de requalification toute autre demande dérivant du contrat, telle une demande en paiement d'indemnités de rupture et de rappels de salaire Cass. soc., 1er avr. 2003, nº 00-44.59.

L'employeur peut-il demander à ce qu'un CDD soit requalifié en CDI et inversement ?

Non. L'employeur n'a pas ces possibilités. Il ne peut pas demander à ce que le contrat soit qualifié de CDI ou bien de CDD  ; C. trav., art. L. 1242-12.  Il ne pourra d'ailleurs pas échapper à la requalification en CDI en établissant un écrit lors de la conclusion d'un second CDD .

Remarque

En cas de requalification du contrat de travail en CDI du fait de l'absence d'écrit, l'employeur ne peut pas se prévaloir du motif de recours au CDD pour licencier le salarié. Par exemple, si un salarié est recruté, sans contrat de travail écrit, pour remplacer un autre salarié en congé parental, le retour de ce dernier ne constitue pas une cause réelle et sérieuse de licenciement du premier salarié .

L'inspecteur du travail peut-il contrôler l'utilisation des CDD en entreprise ?

Oui. L'inspecteur du travail peut contrôler et dresser un PV en cas d'infraction aux règles sur les CDD .

L'employeur encourt une amende de 3 750 €, voire, en cas de récidive, une peine d'emprisonnement de six mois et une amende de 7 500 € .

Quand est-ce qu'une organisation syndicale peut agir contre l'employeur ?

Les organisations syndicales peuvent agir en justice pour solliciter :

  • la requalification d'un CDD en CDI
  • des dommages et intérêts pour atteinte à l'intérêt collectif de la profession

Requalification d'un CDD en CDI : les organisations syndicales représentatives peuvent saisir directement le conseil des prud'hommes pour obtenir la requalification d'un CDD en CDI . Le syndicat n'a pas à justifier qu'il en a été mandaté par le salarié. Il suffit à l'organisation d'informer le salarié par lettre recommandée avec accusé de réception . Le salarié peut s'opposer à cette action dans un délai de 15 jours suivant la réception de la lettre, puis une fois l'action enclenchée, il pourra y mettre un terme ou bien au contraire, intervenir, à tout moment.

Remarque

Les organisations syndicales peuvent également demander l'assimilation des CDD à des CDI pour le décompte de l'effectif (sans pour autant demander la requalification des CDD en CDI), qui conditionne la mise en place des institutions représentatives du personnel et détermine le nombre de représentants à élire .

Dommages et intérêts : les syndicats peuvent demander des dommages et intérêts lorsque le manquement de l'employeur constitue une atteinte à l'intérêt collectif de la profession. C'est le cas lorsque l'employeur ne respecte pas les dispositions conventionnelles encadrant le recours aux CDD .

Exemple

Lorsqu'un employeur du secteur des hôtels-cafés-restaurants ne respecte pas la disposition conventionnelle limitant à 60 jours sur un même trimestre civil la durée des CDD, il porte atteinte à l'intérêt collectif de la profession, ce qui justifie l'attribution de dommages et intérêts au profit du syndicat ayant mené une action en justice dans ce sens .

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Attention

En l'absence de contrat écrit, le salarié peut demander à ce que le contrat soit qualifié de CDI ou bien au contraire prouver qu'il était convenu avec son employeur de conclure un CDD, même si le contrat n'était pas écrit . L'intérêt pour le salarié de démontrer que le contrat était en réalité un CDD est de faire juger que la rupture du contrat était anticipée et de demander le versement des salaires qu'il aurait dû percevoir jusqu'à la fin du CDD si celui-ci s'était poursuivi. Cette possibilité est d'autant plus intéressante pour le salarié depuis la mise en place du « Barème Macron » d'indemnités prud'homales.

Si le salarié obtient la requalification de son CDD en CDI avant la fin de son CDD, il restera en poste. En revanche, si la requalification intervient alors que le CDD a déjà pris fin, l'entreprise n'a aucune obligation de réintégration .

Le salarié peut associer à sa demande de requalification toute autre demande dérivant du contrat, telle une demande en paiement d'indemnités de rupture et de rappels de salaire Cass. soc., 1er avr. 2003, nº 00-44.59.

Astuce

Si le CDD s'est poursuivi après la fin initialement prévue, le salarié n'a pas le choix : le CDD qui continue après son terme se transforme automatiquement en CDI. L'employeur peut donc le rompre pour une cause réelle et sérieuse et non uniquement pour faute grave .

Si l'employeur a notifié la fin du CDD au salarié par une lettre pouvant faire office de lettre de licenciement et que celle-ci donne une cause réelle et sérieuse à la fin de la relation contractuelle, le salarié ne pourra pas obtenir de dommages et intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse .