Primes
Mise à jour : 01 février 2021La manière de supprimer une prime dépend du texte qui la rend obligatoire. Si la prime est inscrite dans le contrat de travail, sa suppression nécessite l'accord du salarié ou la conclusion d'un accord de performance collective. Si la prime est instituée par un accord collectif, il faut suivre une procédure de révision ou de dénonciation de l'accord. Enfin, lorsque la prime provient d'un usage ou d'un engagement pris par l'employeur, il doit dénoncer cet usage ou engagement et bien prévenir les salariés individuellement ainsi que les représentants du personnel.
L'employeur peut-il supprimer une prime inscrite dans le contrat de travail ?
Pour supprimer une prime inscrite dans le contrat de travail, l'employeur doit :
- soit obtenir l'accord du salarié : la suppression d'une prime inscrite au contrat est une modification du contrat de travail que le salarié est en droit de refuser
- soit, conclure un accord de performance collective : cet accord collectif peut imposer une modification des contrats de travail des salariés, notamment en matière de rémunération. Si le salarié refuse, il peut être licencié pour ce motif (C. trav., art. L. 2254-2).
Comment l'employeur peut-il supprimer une prime instaurée par un usage ou un engagement unilatéral ?
L'employeur peut simplement remettre en cause l'usage ou l'engagement qu'il a pris. Pour ce faire, il lui suffit d'en informer les représentants du personnel et chacun des salariés concernés en respectant un délai suffisant pour permettre des négociations.
Si l'employeur a correctement informé les représentants du personnel et chacun des salariés concernés, la prime disparaît définitivement pour tous les salariés. Aucun texte ne prévoit, dans ce cas, le maintien du niveau de rémunération antérieure.
Comment supprimer une prime qui résulte d'un accord ou d'une convention collective ?
L'accord collectif qui a institué la prime peut être révisé C'est-à-dire renégocié par les partenaires sociaux et ainsi aboutir à sa suppression. Cette décision s'impose aux salariés.
Si l'accord est dénoncé L'employeur ou les syndicats signataires décident de ne plus l'appliquer, il continue de faire effet pendant un préavis (3 mois sauf dispositions conventionnelles différentes) puis pendant 12 mois sauf accord de substitution et non remplacé :
- les salariés qui ont déjà bénéficié de la prime peuvent la conserver au titre de la garantie de rémunération : leur rémunération ne peut être inférieure à la rémunération versée lors des 12 derniers mois en application de l'accord dénoncé et de leur contrat de travail C. trav., art. L. 2261-8C. trav., art. L. 2261-13.
- les salariés embauchés après la dénonciation de l'accord n'ont pas droit à la prime sauf pendant la période de survie provisoire de ce dernier (12 mois en principe en plus des trois mois de préavis).
Une prime est-elle automatiquement supprimée si la tâche qui la justifiait disparaît ?
Oui, sous réserve qu'il n'y ait pas modification du contrat de travail.
Lorsqu'une prime ne résultant pas du contrat est la contrepartie de l'exécution d'une tâche précise, elle cesse en principe d'être due dès lors que cette tâche n'existe plus dans la nouvelle fonction. Attention toutefois, si cette tâche est un élément essentiel de la fonction du salarié, le changement de fonction et de rémunération constitue une modification du contrat de travail qui nécessite l'accord du salarié.
Attention, dans le cas particulier d'une prime d'ancienneté, l'employeur se doit d'informer non seulement les salariés qui justifient de l'ancienneté requise à la date de suppression de l'avantage, mais également ceux qui auraient été susceptibles d'en bénéficier les années à venir Cass. soc., 13 oct. 2010, nº 09-13.110.
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Codes, lois et réglementation
Code du travail, Article L. 2261-13
Code du travail, Article L. 2261-8
Jurisprudence
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 381 du 22 janvier 1992, Pourvoi nº 88-44.714
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 690 du 16 mars 2011, Pourvoi nº 08-42.671
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1789 du 11 juillet 2007, Pourvoi nº 06-42.128
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1319 du 9 avril 2002, Pourvoi nº 00-41.783
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1722 du 28 septembre 2010, Pourvoi nº 09-40.622
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1462 du 28 mai 2003, Pourvoi nº 02-40.144
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1926 du 13 octobre 2010, Pourvoi nº 09-13.110